« Ni bradés, ni soumis » : plusieurs milliers de psychologues ont manifesté, ce jeudi 10 juin, en France dans le cadre d’une journée de grève contre le « travail à la chaîne » et les nouvelles réglementations qui précariseraient toujours plus le métier, selon eux.

« Il est hors de question d’accepter comme ça, ce qui nous est proposé, voire imposé », assure Garance Journeau, psychologue clinicienne sur Paris, brandissant un « Vous la voyez notre colère » accolé à une tache d’encre faisant référence au test de Rorschach, un outil d’évaluation psychologique.

Les professionnels du privé et du public se mobilisent

« Les décisions sont prises sans nous consulter. Ce n’est pas un oubli, c’est une volonté de nous ignorer. Ce constat est d’autant plus incompréhensible que la crise sanitaire a mis en avant l’importance des psychologues », explique Annie Perrier-Giraud, responsable syndicale de la Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP) en Aquitaine.

La journée de grève à l’appel de la UFMICT/CGT, FO, l’Unsa mais aussi de nombreuses associations, organisations ou collectifs de psychologues (FPP, SNP, SIUEERPP et #manifestepsy), a mobilisé des professionnels du public et du privé dans près d’une vingtaine de villes françaises.

Des séances trop courtes

Dans la ligne de mire des manifestants, les expérimentations et dispositifs aux « tarifs dérisoires octroyés » (22 euros pour 30 minutes) et « aux conditions de travail inadmissibles ».

« Je consacre une heure par client et c’est parfois trop court. Que voulez-vous que l’on fasse en 30 minutes ? Le patient n’a pas le temps de s’ouvrir, de parler, de pleurer, de reprendre ses esprits », explique Pauline Bonnet, trentenaire, psychologue libérale à Capbreton (Landes) qui a fait le déplacement jusqu’à Bordeaux​.

Plus de libertés sur les outils, et sur les tarifs

Dénonçant elle aussi ce « temps limité », Caroline Fanciullo, co-fondatrice du Collectif #manifestepsy réclame également de pouvoir choisir ses outils, un accès direct pour les patients aux soins psychiques et le droit au dépassement d’honoraires, le tout pour pouvoir « travailler correctement ». « On n’est pas opposé dans l’idée à un remboursement, loin de là, mais il doit avoir lieu dans de bonnes conditions », fait valoir Pierre-Fransisco Andriolo, qui exerce pour moitié en libéral à Saint-Etienne, avec des séances facturées 55 euros.
Ils étaient 900 à Lyon et 400 à Rennes également, à brandir des pancartes telles que « Et nous, qui nous écoute ? », « Non, les psys ne peuvent pas tout entendre », « Black Freud Day »…

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Le 11 juin 2021