Dans ce rapport, les chiffres sont pourtant clairs (pages 20 et 21) et les constats éloquents.

L’activité des Missions Locales est dense. Son rôle s’est accru et les professionnels remplissent toujours de façon satisfaisante la fonction qui leur est confiée au titre de l’article L.514.2 du Code du travail « résoudre l’ensemble des problèmes que pose leur insertion professionnelle et sociale en assurant des fonctions d’accueil, d’information, d’orientation et d’accompagnement… » :

« Entre 2007 et 2015,le nombre de jeunes accueillis est passé de 1.1 million à 1.4 million, soit une augmentation de 30 % »

« la proportion de jeunes peu qualifiés en premier accueil s’élevait à un peu plus d’un tiers du total (35 %) en 2013 »

« Une augmentation de la part de jeunes bacheliers dans le total des jeunes bacheliers dans le total des jeunes en premier accueil (36 % en 2013 contre 32 % en 2011) »

« Les jeunes accueillis par les missions locales sont en outre de plus en plus confrontés à des difficultés en matière de logement (seuls 20 % des jeunes en premier accueil disposaient d’un logement autonome contre 23 % en 2009) et de transport (60 % d’entre eux n’ont aucun moyen de transport individuel motorisé). »

Pourtant, les auteurs de ce rapport ne font AUCUNE RECOMMANDATION en direction DES MOYENS, ni des CONDITIONS d’EXERCICE pour les SALARIES !

L’augmentation des crédits mentionnée dans le rapport est largement inférieure à l’augmentation de la charge de travail consécutive à l’augmentation de 30 % du nombre de jeunes accueillis entre 2007 et 2015. De plus, ces crédits sont le plus souvent fléchés sur des dispositifs non pérennes, source de précarité pour les professionnels de l’accompagnement en Missions Locales.

Les indicateurs prévus dans la convention pluriannuelle d’objectifs, cités par le rapport, sont uniquement des indicateurs chiffrés en nombre de jeunes. Du quantitatif, pas de qualitatif.

Cette vision, centrée sur la performance chiffrée, induit la primauté des tâches administratives au détriment de l’accompagnement réel du jeune.

Cette vision de la performance, mise en exergue dans ce rapport sénatorial, n’est autre que« la concrétisation de la rentabilité ». Il faut faire la démonstration de l’utilisation des fonds publics. La question du sens, de la pertinence mais aussi la question des moyens humains ou encore des conséquences humaines (on dit risques psycho-sociaux) est accessoire.

Pourtant, cette vision de la performance produit des effets indiscutables :

 Elle induit une inflation des tâches administratives dans l’unique but de sauvegarder les financements des structures, au détriment de l’accompagnement réel des jeunes,

 Elle maintient une sous-budgétisation des besoins réels des Missions Locales,

 Elle permet d’imposer les politiques d’austérité à ces structures,

 Elle développe la concurrence entre les Missions Locales.

Pour FORCE OUVRIERE, les conséquences du pilotage à la performance sont graves :

 Mise en concurrence des structures quant à leurs financements,

 Salariés placés sous la pression du chiffre, avec le management qui en découle (mise en concurrence des salariés, « évolution » des carrières à la tête du « bon client », justification de conditions de travail déplorables…),

 Tâches administratives favorisées, notamment de saisie informatique, au détriment du temps d’accompagnement réel des jeunes,

 Instrumentalisation des jeunes au service des dispositifs plutôt que des dispositifs comme instruments au service des jeunes,

 Les salariés doivent faire toujours plus avec toujours moins de moyens,

 Justification et renforcement de la politique austéritaire en diminuant encore et toujours les moyens.

C’est l’idéologie de la rentabilité !!!

FORCE OUVRIERE continue de dénoncer les conditions dans lesquelles les salariés des Missions Locales sont placés pour effectuer leur travail et revendique :

 L’arrêt de l’augmentation exponentielle de la charge de travail et l’embauche immédiate pour la compenser,

 L’embauche en CDI des contrats précaires, CDD, et contrats d’avenir,

 L’augmentation des salaires et de réelles perspectives en termes de qualification, et d’évolution de carrière,

 L’arrêt de la pression permanente exercée sur les salariés, du fait des objectifs (chiffrés) à remplir faisant peser des inquiétudes sur la pérennité des structures et donc de l’emploi,

 Une prise en compte du travail réel d’accompagnement global, et non plus le remplissage prioritaire des dispositifs,

 La prise en compte immédiate des risques encourus par les salariés pour leur santé et de la sinistralité importante de la branche dans l’organisation du travail.

FORCE OUVRIERE revendique l’amélioration des conditions de travail par des budgets pérennes et à la hauteur des besoins, la fin des politiques d’austérité, la fin des objectifs chiffrés et de la performance statistique.

 

Le 16 juin 2017