Les salariés du social et du médico-social étaient des milliers dans les rues de Lille, mercredi 28 septembre.

Dès 14 h, les salariés du social et du médico-social ont envahi le centre-ville, pour une manifestation au départ du siège de l’Agence régionale de santé, avenue Willy-Brandt. Les syndicats avaient annoncé la présence de 8 000 personnes, les forces de l’ordre, à 15 h, comptaient au moins 4 000 manifestants. La marée humaine était en tout cas impressionnante : quand le haut du cortège était à l’hôtel de ville, la fin était encore à l’ARS (en passant par le boulevard Dubuisson et la rue Paul-Duez).

En novembre 2021, lors d’une mobilisation d’une ampleur comparable, ces mêmes secteurs se désolaient d’être les oubliés du Ségur. Une distinction avait en effet initialement été faite entre les professionnels du médical et ceux du paramédical. Si cela a été corrigé depuis, une autre injustice perdure, pour les manifestants : dans les mêmes structures, des salariés ont bénéficié d’une revalorisation, et pas d’autres.

« On n’a jamais arrêté de travailler »

Les salariés de l’association les Papillons blancs qui viennent de l’antenne de Douai, les agentes d’entretien, en particulier, sont très remontées. Brigitte, Séverine et Isabelle tiennent un discours commun : « On demande l’égalité, que ce soit pour tout le monde la même chose. Nous, on n’a rien eu dès le départ, alors qu’on n’a jamais arrêté de travailler. » « Pire » encore, elles ont été en première ligne quand il a s’agi « de tout nettoyer, tout désinfecter pendant le Covid ».

À Douai, les Papillons blancs compte 950 employés, pour 1 400 personnes – dont une partie déficientes intellectuelles – prises en charge. Xavier, lui, y occupe le poste d’ »homme de service ». Pour venir à bout de ses missions quotidiennes, dans le respect des restrictions sanitaires en vigueur lors de la période Covid, il a parfois fini ses journées de travail à minuit. Du temps de travail supplémentaire, qui n’a pas été rémunéré. « Ça a compté comme des heures à récupérer, mais ce n’est pas ce que je demandais.

Aurélie, qui travaille pour une association tutélaire lilloise, ASAPN. « Nous sommes là en partie à cause de la prime Ségur, des 183 € mensuels, attribuée aux travailleurs sociaux mais pas aux secrétaires. » Des injustices, mais surtout, des conditions de travail qui deviennent « intolérables » selon Antoine, 42 ans, éducateur spécialisé à l’ALEFPA de Lille : « On accompagne les gens dans le secteur de l’exclusion, de la protection de l’enfance et du handicap. Le social s’est tu trop longtemps. Il faut que ça bouge ! À tirer sur la corde, à un moment elle lâche. »

Il dénonce des moyens toujours en baisse  : « On cherche à faire du qualitatif mais dans les faits, en réduisant les moyens, on est amenés à faire du quantitatif. Nous avons un sentiment de paupérisation, avec des salaires très faibles, non revalorisés depuis de nombreuses années. Je fais partie des nantis en touchant 1600-1700 € nets. »

Non loin, un groupe de personnes handicapées, en fauteuil roulant, érige des pancartes : « Cherche salaire décent pour l’éducateur/trice qui prend soin de nous. »

Les manifestants, qui auraient été au nombre de 4 600 finalement, ont pris la route de la place de la République, point final de la mobilisation.

 

 

Le 1er octobre 2022