Grâce à la nouvelle technologie du Lidar (Light imaging detection and ranging : détection et estimation de la distance par lumière laser), les archéologues ont fait apparaître des civilisations perdues, entre autres, au Cambodge, en Amérique centrale, mais aussi en France. Découverte !

Ce sont comme on peut facilement l’imaginer, les militaires américains qui ont inventé cette technologie dès 1961, reprise rapidement par les météorologistes pour analyser la composition des nuages. En 1971, la mission Apollo 15 l’a utilisée pour cartographier la lune. Mais il a fallu attendre le début du XXIe siècle, avec l’arrivée de puissants algorithmes dans les logiciels de traitement de l’image pour que les archéologues utilisent le Lidar. En effet, cela permet enfin d’accéder aux objets cachés par la végétation : essentiellement des sites urbains, d’un simple corps de ferme à une cité toute entière.

Un aéronef (avion ou drone) survole un site à fouiller et envoie, via son laser, un faisceau d’impulsions lumineuses. La densité des photons réémis peut aller jusqu’à 66 milliards de points par image. C’est un peu comme le sonar de la chauve-souris. Avec une telle puissance le Lidar traverse, transperce les végétations les plus denses, passant même à travers des racines des arbres les plus profondes.

En 2017, à Naachtun, au Guatemala, une équipe mixte d’archéologues guatémaltèques et français survole le site maya (150-950 après JC) découvert en 1920. À coup de machette, avaient été dégagés seulement 250 hectares. Cette fois avec le Lidar, c’est 13 500 hectares qui ont été étudiés. Et là miracle, c’est 13.000 structures d’habitats qui ont été découvertes allant de la simple cahute à la pyramide. Même trouvaille remarquable, il y a seulement trois mois, au Mexique à Aguada Fénix sur un site beaucoup plus ancien (1000-800 av. JC).

En France aussi

L’Amérique centrale a ses Mayas et ses Aztèques, nous nous avons nos Gaulois ! En France, on s’est d’abord intéressé aux paysages agricoles qui ont été au cours des derniers siècles recouverts par la forêt. En effet, la reforestation gagne depuis le XIXe. Dès 2006, le Lidar a été appliqué sur 11 600 hectares de la grande forêt de hêtres de Haye, près de Nancy. Les archéologues ont découvert de très vieux trous de mine d’extraction de minerai de fer. Mais aussi une ferme gallo-romaine et même les restes d’un château médiéval.

Dans le Morvan, sur le mont Beuvray, à Bibracte, l’ancienne capitale des fiers Éduens, depuis 2007, les chercheurs ont mis en évidence deux lignes de fortifications, des carrières, des mines, des voies de communication et les fondations de nombre de maisons.

De l’autre côté du Channel, les archéologues de l’université de Birmingham et les physiciens de l’Institut Ludwig Boltzmann de Vienne, ont revisité le fameux site néolithique de Stonehenge. En combinant le Lidar, la photographie et la spectroscopie aérienne, ils ont étudié 1 200 hectares pendant quatre ans. L’équipe anglo-autrichienne a ainsi découvert 17 vestiges jusque-là inconnus : des tumulus, des rangées de pierre, des fossés et une longue bande de terre.

Cette nouvelle technologie a été aussi employée par des archéologues français au Cambodge à Angkor et à Phnom Kulen, à 30 kilomètres plus au nord. Le Lidar permet et va permettre aux historiens de mieux comprendre des civilisations jusque-là mystérieuses, car enfouies, disparues. De belles découvertes en perspective.

Christophe CHICLET Journaliste à L’inFO militante

Le 31 octobre 2020