Au commencement était le Verbe. Tirée de la Bible, cette formule introduit parfaitement l’objet de ce présent ouvrage : la conversation.

La parole y est bien entendu au cœur, encore que le silence ait aussi sa place. L’auteur nous invite à réfléchir sur ce qu’est la conversation et ce qu’elle n’est pas, comment la réussir et repérer ceux qui pourraient la mettre en péril. Car c’est un sujet sérieux, il ne s’agit pas d’entrer en conversation comme si de rien n’était : il faut savoir bien choisir, autant que faire se peut, les intervenants, le lieu, le sujet, le ton…

La conversation n’est pas un bavardage, un dialogue, de la communication, une causerie, une négociation, un débat, un commentaire, c’est un acte de liberté, une certaine conception de l’esthétique, un art de vivre, une manière agréable d’user du temps. Et même si la surprise et l’inattendu sont le sel d’une conversation, celle-ci ne se départit pas d’une forme de cérémonial.

Une conversation, c’est l’occasion d’éprouver notre capacité à plaire, de savoir écouter, de découvrir d’autres émotions, d’autres pensées. Cela nous permet d’apprendre quelque chose sur nous et sur les autres et nous assure de notre similitude à l’autre.

Ce livre léger et plein d’humour fait l’éloge de la conversation, un brin nostalgique de l’esprit des salons de l’époque moderne. Pour l’auteur, une conversation réussie abandonne l’homme le corps dispos, l’esprit disposé à vivre avec ses semblables, l’âme disponible au cours du monde. Le bonheur, quoi !

Le goût de la conversation
Pierre Sansot
Editions Desclée de Brouwer
245p, 8,90€

Corinne KEFES

 

Le 5 septembre 2020