Je tiens à saluer au nom de la Fédération notre camarade et ami René SEDES, ce militant infatigable jusqu’à ce qu’il subisse les contrecoups de ses années « d’aidant familial » comme on dit.

Ses nombreux livres sont le reflet d’une grande partie de sa vie militante et de sa vie tout simplement.

La petite maison dans un triangle relate l’histoire des auberges de Jeunesses dont il fut deux fois secrétaire général de 1955 à 1959 et de 1962 à 1967.

Vive la retraite – passé, présent et avenir d’une conquête sociale majeure qu’il dédiait « à tous les syndicalistes et à tous les résistants qui, aux années sombres de l’occupation, luttèrent pour l’édification d’une République sociale et d’une société plus juste. »

Un grand défenseur de la retraite par répartition, mais pas seulement.

Il rappelait que « la retraite n’est qu’une partie de la protection sociale, de la même façon que le toit, les murs, les cloisons et les escaliers d’une maison forment un tout solidaire. La pérennité des retraites, mais aussi de la branche maladie, mais encore des allocations familiales, mais en plus des accidents du travail, et pour finir de l’assurance chômage, forment également un ensemble qui repose forcément sur un fort taux d’emploi et sur des rémunérations convenables ».

Et il s’écriait « comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la libération, période où l’Europe était ruinée ? »

Les combats qu’il a mené ce sont ceux que nous menons aujourd’hui et restent d’une actualité brulante.

Merci René d’avoir accepté, entre 2000 et 2008, « à la demande de Michel Pinaud et avec le fraternel concours de Yoann Mahoudeau », de jeter les bases et de présider la section fédérale des retraités de la fédération de l’action Sociale. Cette instance qui continue en 2020 son bonhomme de chemin et reste destinée comme tu l’écrivais en 2008 dans – écrits et propos pour un syndicalisme de retraités – « à développer le combat pour la défense des droits et de la dignité des retraités, tout en cherchant, pour ce qui les concerne, une nouvelle forme de militantisme syndical. »

Une vie militante bien remplie. Il fut cet infatigable écrivain que nous connaissons tous.

Ancien ouvrier typographe, il poursuivra son activité professionnelle dans le secteur de l’édition, de la documentation puis du handicap et de l’inadaptation. Cela l’amènera naturellement à militer après le syndicat du Livre CGT à Force Ouvrière et plus particulièrement dans notre Fédération, née en 1972. Il sera membre de 1983 à 1985 de la Commission confédérale FO des travailleurs handicapés.

Peintre, j’ai l’honneur d’avoir reçu en cadeau de sa part, en souvenir de ses dernières années de syndicalisme « libre et indépendant » et d’une vielle amitiés » l’un de ses tableaux représentant les locaux de la 1ème internationale.

En guise d’adieu, je ne peux que citer son épilogue de mémoires de guerre d’un enfant (1938-1946) – des rives calmes de la Loire à Gien (Loiret) aux paysages éclatants de Pia (Pyrénées-Orientales) et ainsi pour finir, lui laisser la parole :

« Aujourd’hui je suis un vieux monsieur de 85 ans à la santé fragile. Mon père, ma mère, mon frère et mon épouse sont morts. Tante Mauricette aussi, ainsi que sa fille Louisette, ma marraine et Jean Bossard. Il ne me reste plus comme famille proche que ma fille Anne et ma petite-fille Juliette, qui m’adorent comme je les adore. J’ai encore quelques attaches à Saint Nazaire, la ville natale de mon épouse, où je visite quelques neveux, nièces, belles sœurs et ami(e)s.

Mon cœur est resté à Pia, il est gardé au chaud par la douce chaleur de l’amitié, par Adrien Toreilles, François Cortes, François et Vincent Maury. En dépit de la mouise pianenque, j’ai gardé des souvenirs exceptionnels de Pia, la plus belle part de mon enfance. Aujourd’hui je suis un retraité heureux. »

Paris, le 09 décembre 2020

 

Pascal CORBEX

Secrétaire général de la FNAS FO

 

Le 9 décembre 2020